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Edito

Inès Léraud et les algues vertes : un combat pour la vérité

Les algues vertes font partie de l’écosystème marin breton. Or elles se multiplient rapidement, et en se décomposant elles dégagent de l’hydrogène sulfuré, un gaz toxique mortel pour les hommes et les animaux. Un phénomène dû à l’agriculture intensive, que le travail acharné et remarquable d’Inès Léraud a permis de faire connaître au grand public


Sa carrière démarre dans le cinéma et le documentaire. Au fil de ses documentaires sonores, sur « les mercuriens » (intolérants au mercure contenu dans leurs amalgames dentaires) ou sur l’affaire de l’amiante, elle rencontre de nombreux malades en quête de justice qui l’amèneront à s’intéresser d’urgence au sujet qui les inquiète alors par-dessus tout : les agriculteurs et la multiplication de maladies émergentes liées à l’agrobusiness.


En 2015 elle s’installe dans un hameau des Côtes d’Armor pour mener ses investigations, et va enquêter plus spécifiquement sur le phénomène des algues vertes. Elle consacrera à ce sujet plusieurs émissions et reportages. En juin 2019 paraît la BD Algues vertes, l’histoire interdite, avec les dessins de Pierre Van Hove, aux éditions Delcourt, vendue à 150 000 exemplaires : un grand succès de librairie.


Pierre Jolivet décide d’adapter son histoire à l’écran : le film Les algues vertes sort en juillet 2023 et a attiré 355 000 spectateurs en France, dont un tiers environ dans les régions concernées par le phénomène. Avant-premières, débats, projections, salles combles dans des cinémas associatifs : un succès retentissant grâce à un remarquable bouche-à-oreille.


Avec ses enquêtes, Inès Léraud s’est rendue éminemment impopulaire : elle a connu les plaintes en diffamation, les campagnes de dénigrement pour que les employés de l’agro-industrie la fuient, les menaces, les intimidations… Le tournage du film a également relevé du parcours du combattant : impossible, par exemple, d’obtenir les autorisations de tournage sur les plages contaminées (les scènes concernées ont été filmées caméra à l’épaule). Au moment de sa sortie, la région Bretagne a refusé que le film soit projeté dans son hémicycle alors qu’il sera montré à l’Assemblée nationale, au Sénat et au Parlement européen.


Inès Léraud n’a jamais abandonné, et son immense travail a permis de faire connaître au grand public l’impact environnemental de l’agro-industrie et les grandes difficultés d’enquêter sur ces sujets.



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